This is a French translation of our Season 2 comic “The All Natural* Universe Bar” and its accompanying commentary, by Samuel. Click on the image for the full-sized version:

Universe Bar : 100% naturelle

Naturel. Biologique. Sans colorant, arômes artificiels, ni conservateurs… Du vocabulaire marketing, mais plutôt dénué de sens dans le monde réel. Jusqu’à quel point est-elle naturelle cette galette d’avoine achetée au magasin de produits bio ? Je doute fort qu’elle est été cueillie sur un arbre à galettes par les petites fées du bio. Au lieu de cela, elle a été fabriquée par des humains à partir d’avoine et d’autres ingrédients cultivés en grandes quantités dans des fermes, en dehors du milieu naturel de ces plantes. Ces céréales ont été récoltées, en général mécaniquement, puis transformées par des machines. On n’a pas laissé le mélange durcir au soleil d’un été méditerranéen, ni même cuire dans un four d’argile chauffé au bois. Il a été cuit dans un four industriel, chauffé au gaz ou à l’électricité, avant d’être tranché, débité et emballé par encore plus de machines, chargé sur un camion qui pollue l’air et livré au magasin. Naturellement.

Le problème est qu’il n’y a aucune définition claire de ce qui est « naturel ». Nous avons généralement la sensation profonde qu’une pomme est naturelle alors qu’un chewing-gum ne l’est pas, même si la pomme a probablement été stockée, bien au-delà de sa durée naturelle de conservation, dans une atmosphère riche en dioxyde de carbone. En poussant la logique à l’extrême on pourrait prétendre que tous les produits de l’industrie agroalimentaire sont le résultat de l’action d’organismes naturels ; il se trouve simplement que ces organismes sont des êtres humains. Et en poussant l’illogique à l’extrême, il devient clair que chaque atome de l’univers est né quelque-part au cœur d’une étoile ou d’un disque d’accrétion et que, par conséquent, absolument tout est naturel.

La rubrique Feedback* du New Scientist fait souvent son miel de la prétention de certains produit de ne contenir « aucuns produits chimiques ». Mais telle est la méfiance du public vis à vis de la science que le mot « chimie » a des connotations négatives plutôt que de suggérer des associations positives. Vu sous cet angle, il n’est guère surprenant que les vendeurs aient découvert le bénéfice de vanter des produits « naturels » auprès d’une clientèle presque entièrement anti-scientifique.

Comprenez-moi bien : je suis heureux que des produits soient étiquetés « naturels », « biologiques » ou « fermiers ». Quand cela conduit à plus de bien être pour l’animal et à une meilleure information pour le consommateur, cela peut-être une bonne chose. Mais nous aurions définitivement intérêt à nous montrer un peu plus critiques à l’égard de ces prétentions. Après tout, si c’est naturel, c’est peut-être plein d’insectes.


NdT:

* Une rubrique qui regarde l’actualité scientifique « par le petit bout de la lorgnette » en s’intéressant à des sujets insolites qui prêtent à rire.

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